TÉLÉ
pour celles que ca interesse....
Jess Walton
"Jill est un symbole de la liberté féminine"
Il y a dix-huit ans, après trois premières tentatives,
Les feux de l'amour ont enfin trouvé la Jill Abbott idéale, intrigante à souhait: Jess Walton. Depuis, l'actrice partage sa vie entre son rôle, sa famille et son engagement caritatif.
Jill Abbott, l'une des fortes têtes du feuilleton
Les feux de l'amour, est à nouveau célibataire. Fatigué par l'animosité qu'elle manifeste envers Angela, Sean, son compagnon de vingt ans son cadet, a fini par se lasser. Depuis dix-huit ans que l'actrice Jess Walton l'interprète, c'est peut-être bien la première fois que Jill semble sincère dans ses sentiments et son chagrin. D'ordinaire, son quotidien est plutôt rempli de manipulations, de caprices et de colères. Ce qui ne manque pas d'amuser la comédienne. "Impossible de se lasser d'une femme aussi imprévisible. Elle peut être tour à tour stupide, astucieuse, faible, impitoyable, gentille, mère ou salope" indiquait Jess Walton de sa voix rauque, alors qu'elle était de passage avec son mari au Festival de télévision de Monte-Carlo l'été dernier.
Seriez-vous donc prête à signer pour dix-huit années supplémentaires?Je n'irais pas jusque-là; disons que je prends une année après l'autre, mais pourquoi pas. En fait, le plus appréciable dans ce type de feuilleton qui dure des années, ce sont les comédiens. A la longue, nous fonctionnons à la manière d'une compagnie théâtrale. Nous nous connaissons depuis si longtemps que nous nous faisons entièrement confiance. Et cela, ça n'a pas de prix.
Il doit tout de même y avoir un revers à la médaille…Mon unique plainte serait qu'il est très difficile de pouvoir faire une longue pause. Je suis très satisfaite de mon travail – d'autant plus que la plupart des actrices de mon âge (ndlr: 46 ans) ne travaillent pas autant – mais, parfois, je voudrais bien avoir un mois de liberté. C'est toujours très difficile d'obtenir cela, car le scénario doit être réaménagé en conséquence.
La mort, ce printemps, de William Bell, le créateur du feuilleton, a-t-elle changé quelque chose?Non, car il était malade depuis quelques années. La relève était donc assurée depuis longtemps. Il nous manque cependant beaucoup car, même diminué, il venait souvent sur le plateau. C'était le capitaine du bateau. C'est lui qui a fait Jill telle qu'elle est, qui nous a tous inventés.
Parliez-vous avec lui de l'évolution de votre personnage?Il était toujours là pour nous. Un jour, pour une dispute entre mon personnage et Katherine Chancellor, le script prévoyait que je lui hurle: "Tu vas me dire où sont cachés Nina et mon fils juste après que je suis allée aux toilettes. Tu m'as tellement énervée que ma vessie va exploser!" Après avoir lu cela, je me suis ruée dans le bureau de William pour lui demander si c'était une blague. Il a ri et m'a expliqué qu'il s'était juré de replacer cette expression après l'avoir entendue dans la bouche d'Agnes Nixon, la créatrice d'
All my Children, au cours d'une très importante réunion. Il trouvait cela tellement incongru que ce ne pouvait qu'être drôle. Lorsque l'on a filmé la scène en question, j'ai su qu'il avait raison en voyant la tête ahurie de ma partenaire qui n'était pas au courant de ma réplique.
Quelle est l'intrigue qui vous a le plus plu au cours de toutes ces années?J'ai beaucoup aimé la relation que Jill a entretenue avec Sean. Plus jeune qu'elle, il faisait un peu "toy boy". Le phénomène est à la mode en ce moment à Hollywood et c'est tant mieux! Mon fils a 24 ans et il sort avec une femme de 44 ans. Ils se fichent de la différence d'âge et je trouve cela merveilleux. Dans le cas de Jill, cela lui a insufflé un nouvel état d'esprit. Il n'y avait pas de part d'ombre entre elle et Sean. Jill est un symbole de la liberté féminine, tout spécialement avec cette histoire. Elle a brisé un tabou, car c'est l'ultime liberté d'une femme que de s'afficher ainsi. Jill a toujours suivi ses envies et j'aime cela.
Seriez-vous prête à faire une apparition dans Top Models, l'autre feuilleton créé par William Bell?J'adorerais cela. Tracey Bregmann (Lauren Fenmore) et Kimberlin Brown (Sheila Carter) l'ont fait avant moi. Il faudra que j'en parle au producteur de la série, Bradley Bell…
Dans la vie, vous êtes très engagée auprès de votre mari, John W. James, un spécialiste du deuil mondialement reconnu.J'ai mis ma célébrité à son service afin de réunir des fonds pour l'association caritative qu'il a fondée. Son but est de donner aux gens les moyens de surmonter leur souffrance morale ou leur chagrin par le biais, notamment, d'une permanence téléphonique vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Mon mari donne également des séminaires dans le monde entier, à des particuliers bien sûr, mais aussi à des militaires ou aux rescapés d'une catastrophe. De mon côté, il m'a beaucoup aidée à me rapprocher de mon père avant sa mort, alors que je ne le supportais plus.
Cela vous a-t-il aussi aidée dans la relation avec vos enfants?Pour de petites choses. Le chagrin est inévitable, mais on peut préparer les enfants à affronter la mort d'un proche, d'un animal ou d'un déménagement douloureux pour eux. Il y a différentes façons de dire au revoir à quelqu'un ou à quelque chose à quoi on tient et on ne doit pas passer outre. C'est une manière de boucler une relation, plutôt que de la laisser en suspens.
Propos recueillis par isabelle.rovero@tv8.ch
Les feux de l'amourConsultantJess Walton est mariée depuis 1980 à John W. James. A plusieurs reprises, ce spécialiste du deuil a été sollicité par William Bell, le créateur des
Feux de l'amour, pour superviser l'écriture du scénario lors de la mort d'un personnage.
ComplicesDepuis dix-huit ans, Jill Abbott (jouée par Jess Walton) et Katherine Chancellor (Jeanne Cooper) se déchirent presque sans répit. Les deux comédiennes s'entendent en revanche à merveille dès que le mot "Coupez!" est prononcé.
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